Dissociation

Faut-il forcément être traumatisé-e pour avoir un Trouble Dissociatif de l’Identité ?

(TW traumas, pas de détails)

Faut-il forcément être traumatisé-e pour avoir un Trouble Dissociatif de l’Identité – TDI (complet ou partiel, autrement connu comme ATDS) ?

En principe oui, les troubles reconnus dans le DSM sont d’origine traumatique (traumagénique) : un ou des traumatismes répétés dans l’enfance empêchent l’intégration d’une identité unique (entre 6 et 9 ans) et il en résulte donc des états alternatifs de conscience (alters) qui se développent indépendamment.

Mais certains systèmes (ensemble d’alters partageant un corps) affirment ne pas avoir subi de traumatismes. Ils se disent endogéniques (spontanés). Cela fait grandement débat.

Il faut savoir que le propre du TDI, c’est de cacher ses traumatismes à l’hôte (alter le plus présent qui gère la vie quotidienne) et potentiellement à beaucoup d’autres alters du système. C’est donc totalement possible et même courant de n’avoir aucune idée d’avoir été traumatisé-e. Certains systèmes se rappellent de leur traumatisme après 10 ans de thérapie…

C’est aussi le propre du TDI que de faire en sorte que la personne soit détachée émotionnellement de certains évènement (amnésie émotionnelle). Ainsi, une personne peut connaître ses traumatismes mais ne pas les identifier comme tels car elle n’est pas affectée (c’est un autre alter qui porte le souvenir émotionnel du traumatisme).

C’est aussi possible d’avoir eu des traumatismes qu’on ne considère pas comme suffisamment importants pour causer un TDI. Sauf qu’un trauma, c’est un trauma. Il n’y a pas de trauma grave ou pas grave. Un trauma c’est grave par définition, parce que c’est l’effet que l’évènement a sur le cerveau, pas l’évènement en lui même. Nous avons des sensibilités, des histoires et des environnements différents qui font qu’une personne A peut être traumatisée par l’évènement X mais pas une personne B (c’est notre fenêtre de tolérance qui est différente). Ce qui traumatise un enfant ne traumatise pas forcément un adulte. Ce qui traumatise une personne dont les parents sont absents, défaillants, ne traumatise pas forcément une personne qui a des figures d’attachement solides. Ce qui traumatise un-e autiste ne traumatise pas forcément une personne neurotypique. Etc.

Il est donc important de ne pas négliger la piste traumagénique lorsqu’on pense être endogénique.

Cependant, on n’a pas la preuve formelle que seul les traumatismes infantiles répétés peuvent causer une multiplicité/des alters. La théorie de l’intégration structurelle qui explique pour l’instant l’origine du TDI possède des failles, et je vous laisse regarder l’excellente vidéo de Partiel-les à ce sujet, qui est très complète. Iels expliquent très bien pourquoi iels acceptent les sytèmes endogéniques également.

« La théorie de la dissociation structurelle »

En effet, pourquoi ne pourrait-il pas y avoir des formes de multiplicité spontanée ? Par exemple, des personnes nées avec une haute tendance à la dissociation et qui se développent « de base » comme un système. Ce qui en soit sort de la norme singlet (avoir une seule identité) et expose à la psychophobie. Ce n’est pas si improbable que ça qu’il puisse y avoir plusieurs origines à la multiplicité, et je n’ai peut-être même pas pensé à certains mécanismes qui pourraient rentrer en jeu d’ailleurs.

Par contre, je pense qu’il faut aussi faire attention à n’importe quelle personne qui s’affirme système endogénique sur Tumblr ou autre. On tombe parfois sur des posts où on se dit que la personne n’a pas vraiment compris le principe de multiplicité et on dirait qu’elle décrit autre chose. Je laisse le bénéfice du doute, c’est toujours possible de ne pas bien s’exprimer. Mais sur les recoins sombres d’internet, on trouve de tout… Alors rejeter les systèmes endogéniques par principe, non, garder un oeil critique sur ce qu’on lit, oui.

1 réflexion au sujet de “Faut-il forcément être traumatisé-e pour avoir un Trouble Dissociatif de l’Identité ?”

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